Être soi, juste soi, ce devrait être si facile. Et pourtant…

Nous avons tous 1 000 visages différents. Celui que l’on montre à sa famille, celui que l’on montre à ses amis, celui que l’on montre à son travail, celui que l’on montre en société. Que l’on peut encore partager entre le visage pour sa compagne, son compagnon, ses enfants, ses parents, sa belle-famille, ses collègues, son chef, ses clients, ses amis hommes, ses amis femmes, etc, etc, etc…
Pourquoi ?
Pour plaire. Pour être accepté, reconnu, aimé.
Être aimé est vital pour le bébé totalement dépendant. Être accepté dans un groupe est vital pour l’enfant devenu grand, même pour l’adulte. Alors on s’adapte, on se contorsionne, on fait semblant. Tellement semblant qu’on en devient un autre, des autres, selon la personne en face de soi.
Et pourtant…

 

J’ai grandi en essayant d’être une autre. Celle que ma maman et mon papa aimeraient, par-dessus tout. Celle que mon frère aimerait, par-dessus tout. Alors j’observais, j’écoutais tout ce qu’ils disaient, et j’essayais de toutes mes forces de me conformer à ce que j’avais conclu qu’ils aimaient en espérant que, enfin, je serais aimée à la hauteur de mes attentes.
Et je n’arrivais juste qu’à être déçue, blessée, à la hauteur de mes attentes.
Alors j’ai essayé encore plus. Et j’ai continué avec mes copines, avec mes camarades de classe, avec les premiers garçons.
Et je n’arrivais juste qu’à être déçue, blessée, à la hauteur de mes attentes.
M’aimant chaque fois encore moins. Désirant chaque fois être une autre encore plus.
Jusqu’à ce j’accepte, un jour, de laisser aimer cette Christine que je cachais, aux autres, à moi, cette Christine totalement vulnérable. Jusqu’à ce que j’ose, un jour, entrebâiller les premières carapaces, à une personne, puis deux, trois et plus. Et que je m’aperçoive, avec étonnement, que cette Christine était aimable, que cette Christine était aimée, pour ce qu’elle était.

Je dis « un jour », mais cela ne s’est pas fait en un jour. C’est tout un chemin, qui continue.
Est-ce le chemin de la vie ? Être soi, devenir soi ? Construire des barrières, des barricades, pour ensuite les ouvrir, une à une ? Découvrir qui l’on est, laisser découvrir qui l’on est ? Et s’apercevoir, peu à peu, que de la vulnérabilité nait de la richesse ?

Est-ce ça, devenir adulte ?
Est-ce pour ça que l’on perd, avec l’âge, de l’énergie, des facultés physiques, de l’autonomie ? Pour ne plus pouvoir faire semblant, pour ne plus pouvoir maintenir les barricades, pour ne pouvoir faire autrement que d’être soi ?

Et si l’on devenait soi, avant ?
Et si l’on choisissait de devenir soi, avant ?
Et si l’on s’engageait à devenir soi, avant ?

Parce qu’il ne s’agit que d’un choix. On A le choix. Un choix qui ne dépend que de nous, et de personne d’autre.
Un choix qui demande des efforts, certes. Un choix qui demande de sortir de sa zone de confort, certes.
Un choix qui est un engagement.

Je m’engage à devenir moi, jour après jour.
Je m’engage à être moi, et un peu plus chaque jour.
Même si je ne sais, pas encore, qui je suis.
Même si je ne sais, pas encore, comment.

Je m’engage à partir à la rencontre de moi, avec toutes mes facettes, tant celles que j’aime que celles que j’évite de voir. Je m’engage à porter un regard bienveillant sur ces facettes que j’aime moins, à les accepter, à les accueillir, à apprendre à les aimer.
Je m’engage à oser montrer qui je suis, tel-le que je suis, avec toute ma sensibilité et ma vulnérabilité. En dépassant mes peurs, jour après jour, pas après pas.
Je m’engage à être moi, entier-e, quelle que soit la personne en face de moi. Sans jouer un rôle qui n’est pas moi. Et quel que soit le possible jugement que l’on peut porter sur moi.

Ce que l’on est n’est pas prédéfini. Être soi est un chemin, en constante redéfinition, en fonction de nos expériences, de nos activités, de nos pensées, de nos émotions, de notre regard sur la vie.
S’engager à être soi n’est nullement dire : ok, moi je suis comme ça, je ne vais rien changer et c’est aux autres à faire avec.

En m’engageant à être moi, je m’engage :

  • pour moi, avec l’intention d’aller, toujours plus, vers ce que je suis, au plus profond de moi.
  • pour les autres, en sachant, profondément, que ce moi a, nécessairement, quelque chose à apporter au monde.

Il ne peut en être autrement.
Je suis né-e pour ça…

 

Ce que tu es n’est aucunement figé. Ce que tu es est à créer. Chaque jour.
Tu es l’écrivain, et une histoire, en constante évolution.

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